Dans le contexte actuel où l’éducation et la formation restent des enjeux majeurs, il est essentiel de s’interroger sur le rôle que peuvent jouer les bibliothèques face au fléau de l’illettrisme. Cette problématique, loin d’être marginale, concerne des millions de personnes, et surtout des adultes, qui se trouvent dans une situation délicate. Alors, comment les bibliothèques peuvent-elles contribuer à la réduction de l’illettrisme chez les adultes?
Un état des lieux de l’illettrisme en France
Avant de commencer à explorer les solutions, il est important de dresser un état des lieux de l’illettrisme en France. Selon le Centre de Recherche et d’Information sur l’Illettrisme (CRI), environ 7% de la population adulte est en situation d’illettrisme. Cela représente près de 2,5 millions de personnes.
L’illettrisme ne doit pas être confondu avec l’analphabétisme. Une personne illettrée est une personne qui, malgré une scolarité effectuée en France, n’a pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture et du calcul. Elle se trouve dans l’incapacité de faire face efficacement aux exigences de la vie quotidienne et sociale.
L’illettrisme est un frein majeur à l’insertion sociale et professionnelle. Il réduit l’accès aux formations, à l’emploi, à l’information, et il limite la participation à la vie citoyenne.
Le rôle des bibliothèques dans la lutte contre l’illettrisme
Les bibliothèques, qu’elles soient publiques, scolaires ou universitaires, ont un rôle clé à jouer dans la lutte contre l’illettrisme. Elles sont des lieux de savoir, d’apprentissage et de partage, accessibles à tous.
En tant que lieux de culture et de connaissance, les bibliothèques peuvent proposer une variété d’actions pour lutter contre l’illettrisme. Parmi ces actions, on peut citer l’organisation de cours d’alphabétisation, de séances de lecture, d’ateliers d’écriture ou encore de formations en informatique. Ces différentes actions permettent aux personnes en situation d’illettrisme de se familiariser avec la lecture et l’écriture, de gagner en confiance et en autonomie.
Par ailleurs, les bibliothèques peuvent également mettre en place des partenariats avec des organismes de formation, des associations ou des acteurs de l’éducation nationale. Ces partenariats permettent de proposer des actions plus ciblées et plus adaptées à la situation de chaque personne.
L’action des bibliothèques à l’échelle nationale
Au niveau national, de nombreuses bibliothèques se mobilisent contre l’illettrisme. La Bibliothèque Publique d’Information (BPI), située au Centre Pompidou à Paris, propose par exemple des ateliers de lecture et d’écriture pour adultes. De même, la Bibliothèque Nationale de France (BNF) propose des formations à la lecture et à l’écriture pour les adultes en situation d’illettrisme.
Dans certaines régions, des médiathèques ont également mis en place des actions spécifiques pour lutter contre l’illettrisme. C’est le cas, par exemple, de la Médiathèque de Bagnolet en Seine-Saint-Denis, qui propose des ateliers de lecture et d’écriture, ainsi que des formations en informatique pour les personnes en situation d’illettrisme.
Le rôle des bibliothèques scolaires et universitaires
Les bibliothèques scolaires et universitaires ont également un rôle à jouer dans la lutte contre l’illettrisme. Elles peuvent mettre en place des actions de prévention et de sensibilisation, notamment auprès des jeunes en difficulté scolaire.
Les bibliothèques scolaires peuvent, par exemple, organiser des ateliers de lecture et d’écriture, des clubs de lecture ou des concours de lecture. Elles peuvent également proposer des séances de soutien scolaire ou de remédiation pour les élèves en difficulté.
Les bibliothèques universitaires, quant à elles, peuvent mettre en place des actions de prévention et de sensibilisation à l’égard des étudiants en situation d’illettrisme. Elles peuvent proposer des formations en informatique, en lecture et en écriture, ainsi que des ateliers de soutien à l’apprentissage.
L’importance de la prévention de l’illétrisme
La prévention de l’illettrisme est un point crucial dans la lutte contre ce problème sociétal. Elle s’adresse particulièrement aux jeunes enfants et adolescents, mais elle peut également toucher des adultes qui ont des difficultés à lire, écrire ou compter. Les bibliothèques, en collaboration avec l’education nationale, peuvent jouer un rôle majeur dans cette prévention.
Les premières actions de prévention de l’illettrisme peuvent être mises en place dès l’école maternelle. Des activités autour du livre et de la lecture peuvent être proposées pour familiariser les enfants avec l’écrit. À l’école et au collège, les bibliothèques peuvent organiser des ateliers de lecture et d’écriture, des clubs de lecture, des concours et des actions éducatives pour sensibiliser les élèves à l’importance de la maîtrise de la lecture et de l’écriture.
Dans le cadre de leur mission d’éducation populaire, les bibliothèques publiques peuvent également organiser des actions de prévention de l’illettrisme pour les adultes. Elles peuvent ainsi proposer des ateliers de lutte contre l’illettrisme, des formations pour l’utilisation des outils numériques, des séances de lecture à voix haute, ou encore des ateliers d’écriture.
Pour mener à bien ces actions de prévention, les bibliothèques peuvent collaborer avec l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI), avec des associations spécialisées, ou encore avec des équipes pédagogiques de l’éducation nationale. Ces partenariats peuvent permettre de mutualiser les ressources et les compétences, et de proposer des actions de prévention adaptées à la situation de chaque personne.
Les ressources disponibles pour les bibliothèques
Afin de mener à bien leurs missions en matière de lutte contre l’illettrisme, les bibliothèques ont accès à de nombreuses ressources sur l’illettrisme.
Au niveau national, l’ANLCI met à disposition des bibliothèques un centre de ressources qui propose des outils, des guides et des méthodologies pour faciliter leur action contre l’illettrisme. Par ailleurs, l’ANLCI propose également des formations pour les professionnels des bibliothèques, afin de les aider à repérer les situations d’illettrisme et à accompagner les personnes concernées.
Outre l’ANLCI, d’autres organismes proposent des ressources pour les bibliothèques. Par exemple, l’éducation nationale met à disposition des ressources pédagogiques pour aider les bibliothèques scolaires et universitaires dans leurs actions de prévention et de lutte contre l’illettrisme.
La lutte contre l’illettrisme est un enjeu de société majeur qui nécessite une mobilisation de tous les acteurs de l’éducation, de la culture et de l’information. Les bibliothèques, par leur mission de diffusion de la connaissance et de l’éducation populaire, ont un rôle clé à jouer dans cette lutte. Que ce soit par la prévention, l’accompagnement ou la formation, elles peuvent apporter des réponses adaptées et efficaces pour aider les personnes en situation d’illettrisme à retrouver confiance en elles et à s’insérer pleinement dans la société.
Ainsi, pour réduire l’illettrisme chez les adultes, il est indispensable que les bibliothèques continuent à innover, à se mobiliser et à travailler en partenariat avec les autres acteurs de l’éducation, de la culture et de l’information. En agissant ensemble, nous pouvons faire de l’illettrisme un problème du passé.